Artiste, artiste, dis moi qui est la plus belle.

Depuis peu, une rumeur cours. Cachées parmi les coquelicots et les oliviers, des fées aux doigts habiles offrent leurs talents à qui saura les trouver. Intriguée par les murmures entendus, Athénaïs a quitté la grande ville et a voyagé sous un soleil de plus en plus chaud, laissant sa peau pâle se hâler, se nourrissant du chant des cigales et de la solitude paisible offerte par ce voyage. Et finalement elle a trouvé.

Parcourant du regard la Ruche encore à demi-endormie, elle descend au bas de sa monture, flattant son encolure au passage, avant de l'entraîner vers la cours qui est agréablement ombragée en cette fin de journée. N'attachant pas sa jument – celle-ci ayant un caractère trop ombrageux pour se laisser approcher par quiconque d'autre qu'elle – la blonde pousse une porte entrouverte derrière laquelle il lui a semblé apercevoir du mouvement.

Bonjour ?! Il y a quelqu'un ? Demande-t-elle d'une voix calme, aux notes étonnement graves pour une femme tandis que, battant des paupières, elle tâche d'habituer ses yeux à la luminosité ambiante.

Et c'est Lizzie qui ose, pour la première fois, pointer son nez pour accueillir une cliente. Elle vient tout juste d'installer son atelier et, si ses pinceaux ne manquent pas d'expérience, c'est la première fois qu'elle va prendre une vraie commande. Un peu de courage, que diable ! La voilà qui s'avance.

Bonjour ! Je m'appelle Lizzie. Que puis-je pour vous?

Ha diantre, ça n'est pas évident de montrer sa frimousse comme une vraie professionnelle. Ca change du minuscule moulin réaménagé dans lequel elle avait élu domicile ces dernières années, et commencé à peindre oiseaux, moutons et fermières. À vrai dire elle n'avait jamais eu l'occasion de peindre un portrait sur demande, avec une personne prête à se tenir comme il faut pour qu'elle puisse dessiner tranquille !

Rapidement, une réponse se fait entendre. La voix est agréable, quoiqu'elle laisse transparaître une légère hésitation, qui n'est pas sans faire sourire la parisienne : les manières de l'artiste lui rappellent celle qu'elle était quelques éternités plus tôt. Autrefois adolescente habitée par le doute, elle a depuis longtemps abandonné cette facette de sa personnalité, pour laisser place à une femme qui, si elle connaît encore l'incertitude, a parfaitement et définitivement foi en elle-même et en ses capacités.

Athénaïs, enchantée, fait-elle en tendant à la brune une main aux doigts longs et graciles qui trahissent son statut de musicienne.

Prenant une seconde pour réfléchir, la blonde tourne les yeux vers une fenêtre, par laquelle elle peut apercevoir les teintes subtiles du ciel printanier sous lequel elle est abritée.

Que veut-elle au juste ? Une représentation vaniteuse d'elle-même, dont les traits auraient été épurés et les couleurs retouchées, ou bien quelque chose de plus simple et plus semblable, mais aussi plus imparfait ? Qui de l’ego du cœur, ou de la pureté de l'âme gagnera aujourd'hui ? L'âme sans doute. Athénaïs n'a pas la beauté séraphique qu'on trouve chez bien des femmes, mais elle apprécie et respecte son corps qui, à défaut d'incarner la plus absolue des féminités, ne manque pas de grâce.

J'aimerais une fresque et un portrait de ma petite personne, décide-t-elle, le regard braqué sur la peintre aux yeux de chat. J'imagine... quelque chose d'assez intime, qui me représente aussi bien physiquement, que moralement.

Soulevant d'une main sa chemise de lin blanc, elle dévoile son ventre plat et plus particulièrement le tatouage étrange qui s'enroule autour de son nombril : une série de chiffre, absolument infinie, représentant la perfection du cercle. Pi.

Et je voudrais que ce tatouage apparaisse, ajoute la musicienne, un sourire passant rapidement sur son visage avant de s'évaporer. Le tatouage, mon prénom et quelques mots : «Le chiffre, la lettre, la note. Savoir, penser, rêver. Tout est là.» Pensez vous que cela soit possible ?

Citation :: HRP :
Voilà les images. Je ne sais pas si j'ai été très clair en expliquant ce qu'Athénaïs veut, du coup si besoin de précisions, n'hésitez pas. Ceci dit, en ayant vu ce que vous avez déjà fait j'ai totalement confiance en vos talents. D'avance, merci.
Portrait d'Athénaïs
Tatouage

La frêle féline rougit soudainement lorsque se dévoile sous ses yeux pudiques le ventre blanc délicat. L'artiste admire autant la beauté des femmes que celle des hommes, mais l'enfant encore si proche ne peut empêcher ses joues de s'enflammer. Elle bégaye presque, forcée de regarder le tatouage sur la peau, s'appliquant à mémoriser son tracé malgré le trouble causé par ce relevé de chemise fort impromptu.

Je... heu, oui, dame, bien sûr ! Je vais faire de mon mieux pour vous faire un portrait qui soit des plus ressemblants, selon vos désirs, et assez délicat pour vous correspondre.

Déjà sans sa tête s'arrangent visage et chiffres, nom et paroles... Les touches de couleurs s'ajouteront bientôt, les doigts s'agitent impatients.

Asseyez-vous pour être plus à l'aise... Je vais chercher mes fusains.

Elle disparaît, presque furtive, à la fois troublée et conquise. Elle aime quand ça se passe ainsi, quand la beauté naturelle d'un modèle lui donne un petit grain d'amour spontané. Elle est comme ça, Lizzie. Elle trouve les gens beaux. Elle aime les dessiner, les peindre, les regarder. Elle aime tout, peut-être même trop, d'une entière naïveté. Et ses doigts déjà trouvent ses fusains, les pinceaux et les vélins, les encres délicates qui marqueront bientôt la toile.

Les heures passent, les petits doigts s'activent... Lizzie aime le modèle et tâche d'intégrer ce drôle de nombril à la fresque. Après un bon moment, deux croquis sont tendus à la cliente. Premiers essais.

Artiste, artiste, dis moi qui est la plus belle. Bann-a10

Artiste, artiste, dis moi qui est la plus belle. Bann-a11

Le temps d'une seconde, elle sourit de la pudibonderie de la jeune artiste et, amusée plus que moqueuse, elle songe qu'elle ferait mieux de s'armer puisque, du fait de son métier, elle en verra surement d'autres et des plus osées. Mais pour l'heure, le spectacle de son ventre suffira et, obéissante, elle se laisse choir dans un fauteuil confortable tandis que la féline s'empare de son matériel.

Muette, Athénaïs laisse s'égrainer les heures sans chercher à avoir prise sur quoique ce soit. D'abord roide dans son siège, elle se laisse doucement aller à la langueur, ses muscles se détendant, son corps s'enfonçant dans le nid de coussins dans lequel elle a prit place tandis que Lizzie oeuvre.

Perdue dans des songes vaporeux sur lesquels elle n'a pas la moindre prise, bercée par le bruit de la plume grattant le vélin, l'Alcée met une seconde à réaliser que la peintre attend son jugement. S'emparant des croquis, elle s'absorbe dans leur contemplation, les disséquant du regard, avant de reposer les yeux sur la féline.

Vous avez du talent. Vraiment, dit-elle d'un ton neutre, le compliment n'étant pourtant pas anodin pour elle qui, très sûre de ses goûts, est exigeante à l'extrême.

Rendant les croquis à l'artiste, elle place le second au-dessus de l'autre.

Ma préférence va à ce dessin-ci. Pouvez-vous peindre un portrait en conséquence, s'il-vous-plait ?

[Je ferai un édit pour la bannière, à cause des accents qui ne vont pas sur la police utilisée Wink

Je m'occupe de la suite dans les jours prochains, demain si j'ai le temps !]

[Y'a pas de soucis ! C'est déjà tellement rapide et tellement joli que je vois pas ce que je pourrais avoir à redire. Smile

]

[Ne vous inquiétez pas, vous n'êtes pas oubliée, c'est l'IRL qui m'éloigne du PC Wink

]

Il fallut quelques heures supplémentaires à la jouvencelle pour peindre deux portraits... Elle les montra enfin à la cliente, après être revenue en courant (et essouflée) du marché où elle avait du racheter de nouveaux pigments :

Artiste, artiste, dis moi qui est la plus belle. Bann-a12

Artiste, artiste, dis moi qui est la plus belle. Ava-at10

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Artiste, artiste, dis moi qui est la plus belle. Ava-at11

Sortant de la torpeur dans laquelle elle était plongée, l'Alcée observe les oeuvres qui lui sont présentées et sourit tranquillement.

C'est absolument parfait. Je vous remercie sincèrement, déclare-t-elle à la jeune artiste avant de sortir une bourse brodée de sa besace. Combien je vous dois ?

[C'est vraiment parfait ! Merci beaucoup, beaucoup, beaucoup ! Et désolée pour le temps de réponse : j'ai du sang d'escargot dans les veines.]

[Il n'yy a vraiment aucun souci, je suis fort occupée à côté, et je n'ai pas répondu au plus vite non plus Smile

]

Lizzie souriait avec une joie évidente : sa première toile était acceptée, la cliente avait même l'air sincèrement heureuse ! Quelle réussite ! Elle était prête à s'applaudir elle-même, avouons-le, mais ça ne se fait pas.

Un prix ? Heeeeu... j'en sais rien moi !

Ha ben ça ! Elle ne s'était pas posé la question, tiens.

Heeu, j'dirais, heeeu... ça vous dérangerait pas que je demande à ma patronne d'abord ?

Et hop, les joues qui rougissent.