L'atelier de travail de Gwenn était une pièce de dimensions modestes, à l'unique fenêtre dispensant une lueur diffuse. Elle avait palié le problème en disposant de larges miroirs, ainsi que des tentures au couleurs lumineuses. Une tapisserie frappée aux armes des Thervay et des Rye ornait une large partie du mur du fond.
La pièce en elle même était encombrée d'étagères surchargés de différents tissus, de toutes les matières possibles ; Lin, feutre, dabiki, futaine et laine modestes cotoyaient les riches soieries vénitiennes, le coton d'Augsburg, et les fourrures telles que l'hermine, la létice, le vair et le renard. Une autre étagère recelait tout le nécessaire pour la parfaite couturière : mètres rubans, épingles, aiguilles, fil...
Plusieurs mannequins supportant des tenues terminées ou en cours d'élaboration se dressaient çà et là au gré de la fantaisie de la cousette. Quelques guéridons offrait au regard du visiteurs des fleurs fraichements coupées, variant suivant la saison : Iris blancs, jaunes ou bleus, oeillets rose et rouge, tulipes et lilas au printemps, lys, marguerites, tournesols et glaieuls en été, dahlias, asters et hortensias à l'automne, et mimosas, anémones et jonquilles en hiver. Sans oublier l'incontournable lavande, qui, séchée tête en bas, laissait un délicieux parfum embaumant toute la salle.
Pour finir, un fauteuil richement tapissé, orné d'un moelleux coussin de soie, trônait dans un coin de la pièce, tout près d'un pupitre au bois précieux.
Le tout respirait un luxe discret, apparent sans être tape-à-l'oeil, qui était en somme le reflet de sa propriétaire, aisée mais désireuse de ne pas en faire un étalage outrancier.