Crémaillère

Les jours avaient passés depuis que les trois ambitieuses s'étaient lancées dans la rénovation du domaine de La Ruche et dans la mise en place de leurs activités. En quelques semaines, elles avaient déjà trouvé du travail à réaliser et cela avait fait reculer la date de l'inauguration jusqu'à ce jour.



L'affiche déposée par la jeune Scott annonçait de joyeuses agapes et ce n'est pas l'ambiance qui régnait sur les lieux qui allait démentir cette promesse. Des saltimbanques répétaient tandis que la jeune femme s'empressait de terminer les mises en place sur la cour pavé. Elle profitait qu'Axelle tourne le dos pour rajouter rubans et fanfreluches, sachant pertinemment qu'elles avaient à elles trois convenu de quelque chose de simple. Mais, la coquetterie étant bien plus forte que son obéissance, l'Almanach terminait de déposer bouquets sauvages sur des tablées et sur les piquets de l'estrade, ainsi qu'autour du puits.

Ça, je pourrai toujours argumenter en disant que c'était pour éviter des accidents..

Les onyx éclairés d'excitation, la Gaidel regarde d'un oeil critique le décor autour d'elle. C'est la fin de la journée, les torches et bougies sont allumées à mesure que le soleil se meurt derrière les collines du sud de la France. Le nez en l'air, pensive, la jeune femme songe à tout ce qu'il reste à faire avant que les premiers invités n'arrivent, à commencer par vérifier sa tenue. Pour ce soir, Mina a choisi du velours pourpre dont elle a teinté aussi ses lèvres, à l'aide de quelques fards acheté bien chers à Paris. La chevelure ébène, est comme toujours lâchée, étoffée de quelques bijoux argentés soigneusement pendus de part et d'autre de ses mèches.

Les obsidiennes font quelques aller retour sur le tableau grandeur réelle qui se présente à elle et le sourire s'esquisse plus largement, satisfaite du travail qu'elles ont réalisé à elles toutes.
L'estrade pour danser est prête sur la droite, les braseros sont lancés et les volailles, porcs et autres mets tournent déjà sur les broches. Les rangées de table de bois sont calées et il n'y a plus qu'à imaginer tout cela rempli. La fine brise même, n'est pas suffisante pour altérer le moral de l'écossaise et c'est avec un gloussement amusé, qu'elle profite de l'absence momentanée de public pour entamer quelques pas de danses avec un -ma foi à défaut d'autre mot- tout à fait invisible prince charmant.

A peine arrivé, pas encore installé, Xassir reçut une invitation .. Une invitation à pendre une crémaillère ...
Diantre!! Il y a généralement à boire dans ce genre de cérémonie ... C'est à coup sûr une raison suffisante pour aller y faire un tour, voire deux... se dit-il.
Il suivit donc les panneaux, et se fia au son doux et harmonieux, tout en délicatesse et en nuances, de la voix d'Axelle, la seule qu'il connût encore à ce jour par ici.
Ce sera une occasion de faire connaissance avec les habitants de ce curieux village, pensa-t-il, tout content d'avoir trouvé une excuse plus recevable que celle de boire un coup, voire deux!...
Il avait mis ses plus beaux habits, qui sont aussi ses plus moches d'ailluers, vu que, comme tout voyageur, il n'avait pas la place pour les babioles et autres fabalas, et des habits de rechange faisaient à n'en pas douter partie de ce qu'il considérait comme des fabalas ...
Il se présenta dans la salle. Vit Axelle et deux autres gentes demoiselles. Il se dit qu'il avait bien fait de dépalcer sa vieille carcasse ....
Il dit à haute voix, pour que toutes l'entendent :Bonjour. Je m'appelle Xassir, et je viens d'arriver au village. J'ai reçu une invitation ... et me voilà...
J'espère que tu vas retrouver les tonneaux, Axelle ma belle ... et une gamelle de flotte pour cSn, il a soif lui aussi!...

Arrivé en fin de journée la veille, victime volontaire d’un abime temporel auprès la gitane, il n’avait pas trouvé le temps d’aller se présenter à ses autres dont Axelle parlait avec une étincelle joyeuse dans les yeux, et le lendemain, le capharnaüm de l’installation avait eu raison de son idée première. Ce n’était pas l’heure des présentations encore. Il s’était donc glissé dans la cohorte du personnel, positionnant, clouant et déplaçant au gré des ordres donnés, les divers meubles et mets préparés pour les circonstances. Quand il ne resta plus que les finitions, ces petites choses qui ne semblent rien et qui pourtant font tout, le flamand s’éclipsa en même temps que la quasi majorité des hommes, jugeant que c’était là le travail des femmes de bon goût, allant se rafraichir d’une bière bien méritée en cuisine.

La Ruche avait révélé dans la journée un parfum auquel Alphonse ne connaissait pas grand-chose : celui de la famille
Solitaire acharné, délibéré, il ne gardait que de rares bons souvenirs de cette entité, et avait pris très jeune conscience que la comédie familiale exigeait un détachement perpétuel de sa part pour la jouer. Il y avait pris le goût d’un costume tout près à l’emploi, savant mélange d’apathie et de nonchalance, qu’il avait avec les années soigné jusqu’à l’insolence la plus distillée. Dès lors, soigneusement replié sur lui-même, prenant pour perspective sa seule et unique survie dans cet univers d‘oppression, il avait joué le jeu, pantin docile, observateur retranché et rien dans son entourage n’avait jamais démenti cet angle de vue. Dans l’opulence de la riche bourgeoisie, il n’y avait pas d’amour, mais des contrats marchands. Les enfants n’étaient que des closes, les apparences des alinéas, il en savait quelque chose. Bien sûr qu’il avait eu l’occasion de se joindre au joyeux brouhaha, amant de passage dans la couche d’une veuve, ou d’une femme abandonnée à sa marmaille, mais le mal était déjà fait, insidieux, paternel. Tout ceci était fait pour les autres, il y serait toujours étranger.
La crémaillère mise en place ne faisait qu’accentuer cet étrange fossé, avec pourtant un facteur diffèrent qui piquait sa curiosité. Ici, nul lien de sang.
Lorsqu’il arriva dans la cour, changé, lavé un baquet d’eau froide, les pointes de ses mèches encore humides tombant sur son visage, son regard erra brièvement avant de trouver Axelle, ombre zigzagante, une myriade de rubans dans les mains, pestant après des tonneaux invisibles qui étaient sous ses yeux, une jeune femme emportée par une danse solitaire où un vaporeux prince charmant s’accaparait l’intégralité de son sourire, et une brune, parée d’une simple mais épaisse natte ondulant paresseusement au mouvement de sa tête. Le spectacle était joli, éthéré, et il aurait pu s’y perdre quelques instants de plus si une voix n’avait pas sonné le début de la réception :

Bonjour. Je m'appelle Xassir, et je viens d'arriver au village. J'ai reçu une invitation ... et me voilà...
J'espère que tu vas retrouver les tonneaux, Axelle ma belle ... et une gamelle de flotte pour cSn, il a soif lui aussi!...

Un sourire amusé se dessina sur ses lèvres tandis qu’il se plaçait au côté du voyageur

-Messire je me joins à votre cause et votre requête. Il faut retrouver ces tonneaux !, fit-il d’un air grave. Laissez Axelle s’occuper de l’eau, je me charge de l’enquête, lui assura-t-il en s’inclinant brièvement, jetant un coup d’œil taquin à la gitane, avant de se tourner vers la brune nattée, de faire un pas vers elle pour la saluer d’un mouvement du buste, fluide. Les bonnes manières étaient un des rares héritages qu’il n’avait jamais réussi à gommer, le corps soumis à ses nombreuses années de courbettes officielles, d’inclinaison respectueuse, de respect dû. Dame, veuillez m’excuser de vous importuner, Alphonse Tabouret, se présenta-t-il. D’un index il indiqua les futs ingénieusement empilés pour ne point prendre trop de place, et qui sans crever les yeux, étaient pourtant bels et bien là. Sauriez-vous ouvrir ces futs ou souhaitez-vous que je m’en occupe ?

la première personne que je vis fut une dame en pourpre qui dansais avec un partenaire invisible, on dit que les artiste on une araignée au plafond, j'y croyais pas trop mais là ... puis deux trois autres personnes, je n'en connaissais aucune bien sur, mais je comptais faire partis du groupe a un moment donné, et ça allais etre mon tout premier contacte avec les occupante!

fleurs sauvages, fanfreluches et rubans etais partout,le vent etais loin de refroidir les convives, au contraire, il amenais au plus loin le parfum des viande et victuailles qui n'attendais que d'etre mangé, et qu'y avais t il a boire ? rhoo on allais me traiter d'ivrogne ...

c'est enveloppé dans ma cape de voyage que je rejoins la féte, j'étais encore dans les parages après ma visite, alors comme ça l'endroit etais encore tout neuf ... je restais un moment a regarder la ruche, flambé sous les rayons du soleils couchant, un atelier d'artiste qui ressemblais a un tableau ... on ne pouvais qu’être émerveillé.

je m'incrustais timidement.
-Bonsoir, je suis Tamarra, c'est jolie chez vous ... c'est ou qu'on peut prendre un verre ?

bah quoi ? on parle tellement mieux après quelques verres ...

L'instant semble interminable pour la valseuse qui ne se rend pas compte tout de suite des yeux rivés sur elle. C'est un éclat de voix familier qui l'arrête net.La Romantique, cède sa place à la farouche -jamais loin- et elle interpelle Gwenn avec une moue boudeuse collée au minois.

Pas besoin d'avoir l'air si fier ! Puis... t'as pas du travail ?

Une voix vient d'ailleurs appuyer ses propos, comme si l'invité d'Axelle savait tomber à pic. Elle l'avait observé durant l'installation et les instincts de commère s'étaient alors éveillés. Est-il son amant ? Son ami ? Un frère ? Aucune présentation n'avait été faite encore et de toute façon, venant du sauvageon qu'était Axelle, elle se doutait bien que les protocoles n'étaient pas la première chose qui venait en tête chez la gitane.

Déjà l'on confiait à l'homme une tâche à sa hauteur, tandis que la Scott rejoignait cet attroupement d'un peu plus près. Les invités arrivaient et la bonne humeur régnante maintenait en place un fin sourire sur les lèvres de l'Almanach.
A présent, il était question de se présenter. Par qui commencer ? Une lueur malicieuse éclaire les onyx tandis qu'elle ébauche son plan d'attaque.

Snobant à la dernière minute Gwenn et l'amant/ami/frère (rayez la mention inutile), la Pie rejoint le voyageur et son chien. La tête s'incline et la jeune femme de lancer un clin d'oeil à Axelle non loin.

Le bonsoir sieur ! Bienvenue, je suis Mina, l'une des propriétaires du coin. Venez donc, nous allons déboucher un fût.

Entendez par "nous", le brun amant/ami/frère aperçu plus tôt bien sûr. D'ailleurs, guidant le voyageur et sa bête dont la tête est affectueusement caressée, les pas reviennent vers le petit groupe formé autour de la nouvelle célébrité du soir : le tonneau.
Une femme semble impatiente de récupérer le précieux breuvage et cette fois, l'Almanach en profite d'être proche de tous pour se présenter.

Bonsoir à tous ! Mina Wolback-Carrann, enchantée sieur, mes dames. Bon hé bien, vous l'ouvrez ce fût ? On vous a vu porter des tables toute l'après-midi, allez-vous vous faire désirer à présent ? Si ce tonneau est encore fermé d'ici quelques minutes, autant que j'appelle l'ancien.

Autoritaire ? Assoiffée ? Les deux certainement, mais pour retirer tout doute sur le possible sérieux de la jeune femme, un large sourire fend son visage d'une oreille à l'autre.

Préposé aux boissons. Si son père avait été là, il s’en serait étouffé de honte, pétrifié, avant de s’engoncer dans une colère blême qui n’aurait pris des couleurs qu’en privé. Ce fils qu’il avait tant de mal à aimer mais dont l’aisance lui avait toujours assuré les compliments de ces Dames et les félicitations de ces Messieurs, outils redoutables pour tout bon commerçant, se retrouvait à se servir de ses mains pour autre chose que les comptes, dans un brouhaha joyeux où nul ne voyait ce qu’il y avait de malséant à offrir ses services là où il y en avait besoin. Cela ne fit que renforcer la bonne humeur du jeune Tabouret.

Son interlocutrice le jaugeant, reculant imperceptiblement d’un pas, il se laissa détailler, rompu à ces regards discrètement curieux, habile à prendre la pose en attendant le verdict qui vint enfin, autant dans la présentation que dans l’éclat espiègle qu’il trouva dans son œil en relevant le nez une fois qu’elle lui eut dit son nom.

Bien le bonjour messire, Gwenn de Thervay de Rye.
messire, il ferait mauvaise image de voir une femme ouvrir un tonneau, et de plus la nature ne m'a point pourvu des muscles nécessaires. C'est donc avec grand plaisir que j'accepte votre aide.

-Il fallait bien que le Très haut trouve une utilité aux hommes, lui glissa-t-il dans un sourire avant de poursuivre. Enchanté de vous rencontrer Dame. On m’a vanté les mérites de votre présence en ces lieux, j’espère les découvrir par moi-même… Pour l’heure je ne voudrais point vous décevoir, aussi permettez que je vous abandonne pour venir à bout de ces futs… Vous avez des convives assoiffés…

Un mouvement du buste dans lequel il pivota, avant de rejoindre l’empilement de fûts, faisant un crochet par Sybelle, passant dans son dos pour lui proposer dans un souffle à son oreille blanche :

-Votre aide est la bienvenue. Double pinte pour vous si vous m’aidez à les servir. J’ai peur d’y laisser un doigt si je prends trop de temps à remplir les chopes.

La tireuse fut mise en place promptement et les surplus de mousse finissaient d’être vidés en même temps que l’éthérée valseuse, le voyageur et son chien les rejoignait.

Bonsoir à tous ! Mina Wolback-Carrann, enchantée sieur, mes dames. Bon hé bien, vous l'ouvrez ce fût ? On vous a vu porter des tables toute l'après-midi, allez-vous vous faire désirer à présent ? Si ce tonneau est encore fermé d'ici quelques minutes, autant que j'appelle l'ancien.

-C’était donc vous ce regard perçant que je sentais dans mon dos…, rétorqua-t-il amusé à la jeune femme, son sourire glissant dans le coin droit de ses lèvres. Alphonse Tabouret, répondit-il en guise de présentation. Et n’appelez l’ancien que pour le convier à trinquer, les futs sont prêts, annonça-t-il en tirant sur le petit levier ouvragé, la bière coulant dans le verre penché juste en dessous. Messieurs Dames, avis aux plus timides… son regard taquin glissa sur Tamara, doucement en retrait mais qui était pourtant allée à l’essentiel avec une pureté on ne peut plus satisfaisante. Le service peut démarrer, conclut-t-il en cherchant Axelle des yeux pour lui tendre la première chope sortie des futs.

Je crois que c'est ce sieur là, qu'il faut interroger pour la boisson, je regardais l'homme en question accompagné d'une dame, et de deux autres qui les regardaient faire.
-allons bon, tous ce petit monde et personne n'a encore ouvert ?!

le temps d'approcher un peu et Messieurs Dames, avis aux plus timides… ...haa enfin ! Le service peut démarrer je pris la liberté de m'approcher un peu plus, un grand sourire satisfait au lèvres.

la dame qui dansais seul s'étais présente sous le nom de Mina Wolback-Carrann, noté donc, saluant tout ceux que je croisais, me représentant a ceux qui ne m'avais pas entendu le faire plus tôt, et sur tout saluant le sauveur qui avais réussis a faire le plus attendu, ouvrir les futs ... Alphonse Tabouret... bon, ça faisais déja deux de nommé.
- je me présente a mon tour, Tamarra, heureuse de rencontrer tout le monde !

puis apres avoir enfin reçu ma chopine ...
- la féte ne commence qu'a l'ouverture d'un premier fut ! santat tout le monde ! levons nos verres a la Ruche !

la musique entrainante, les chopines a profusion, cet air de féte, ça sentais le bonheur ! de quoi me sortir de ma timidité habituel houlala je sent que je vais m'y plaire moi ...

Ses méfaits n’avaient pas été découverts et c’est d’un geste nonchalant que la bestiole avait déposé les rubans, au fond du puits ? Non, tout de même pas, mais bien cachés dans les méandres d’une vigne vierge plongée dans l’ombre, un peu à l’écart. A l’écart, tout comme Axelle qui d’un œil brillant regardait les allers venues, les présents se rencontrer, se présenter, se provoquer légèrement. C’est ainsi qu’elle avait toujours rêvé la Ruche et son cœur résonnait dans sa poitrine d’une joie toute nouvelle. Et rien à cet instant n’aurait pu arracher la spectatrice captivée de son retrait, surtout quand ses yeux piquaient trop pour ne pas piétiner sa fierté de sauvageonne.

Elle s’amusait de voir Alphonse s’affairant en hôte parfait, de la ruade embarrassée de Mina, de l’air méfiant de Gwenn, de la timidité d’une jeune femme qu’elle ne connaissait pas. Oui, elle aurait pu rester là à se gorger du spectacle la nuit durant sauf que…

« J'espère que tu vas retrouver les tonneaux, Axelle ma belle ... et une gamelle de flotte pour cSn, il a soif lui aussi!... »

Et un premier grognement.

« Dites moi Axelle, croyez-vous que vous auriez un peu de temps à m'accorder dans les jours à venir ? J'aimerai bien que vous puissiez me peindre à nouveau si cela ne vous dérange pas. »

Et d’un second !

Déjà, on la tirait de sa douce observation, mais en plus, on lui demandait de travailler !

Méééééheu ! C’est fête, j’suis d’repos, j’fiche rien du tout c’soir. Nan, rien d’rien ! Puis dans un petit sourire narquois, jetant un regard à Alphonse. P’quoi qu’vous croyez qu’on vous a invité si c’n'est pour qu’vous bossiez à vot’ tour, hein ? Allez, hop hop hop, faut tourner les viandes aussi !

Elle les scruta tous un instant avant de sourire amusée. Xassir, j’vais t’chercher ça, dit t’elle en commençant à remonter le sceau du puits, laissant tomber, par mégarde, si, si, enfin… presque, un ou deux petits bouquets au fond du gouffre qui luisait doucement sous la lune pleine. Oh ! Zut…. Zolée... Lança-t-elle dans un sourire qu’elle voulait contrit en emplissant une gamelle de fer. V’la, mais clébard, y reste loin d’moi hein ! Au cas où l’aurait encore envie d’gouter mes mollets.

Puis elle revint vers Sybelle, se gardant bien du moindre mot sur Robin. Bien sûr v’pourrez passer au foutoir, mais risquez juste d’voir attendre un peu, une grosse commande d’médailles en cours. Bien contente d’vous voir. Puis le sourire sincère qu’elle lui adressa se mua en un froncement des sourcils, soudain plongée dans d’autres pensées. Le museau remonta vers Gwenn avant que le regard ne se pose sur Mina. Des chambres ! Des chambres ! Nous faut installer des chambres pour les clients ! Pour les amis ! Pour la famille, et pour… enfin pour qui qu’on a envie. Ouais, des chambres ! Et tout aussi vite que ses pensées affluaient dans sa caboche, ses yeux re-parcourèrent l’assemblée pour se poser sur Alphonse, qui d’un geste, l’invitait à inaugurer la première chope. Léger sourire en coin, elle s’avança vers lui la démarche fluide et prit doucement le verre tendu, laissant ses doigts frôler les siens un bref instant.

Puis elle leva la chope et avant de la boire d’un trait A la Ruche, et musique ! Elle jeta un rapide regard à la petite timide et prenant un air presque bienveillant. La bienv’nue, j’suis Axelle Fel… Cas… Bref, on s’en tape, j’suis Axelle, peintre à la Ruche. ‘Chantée.

Les notes s’élevaient, claires dans la nuit éclairée du vacillement des braseros. Plus tard peut être, la Bohémienne demanderait aux saltimbanques de jouer une musique de chez elle, leur choix n’ayant pas été fait tout à fait par hasard, plus tard peut être… Néanmoins, même sous cette musique qui n’était pas le sienne, son menton se redressa, fier et ses doigts commencèrent à claquer en cadence.

On m’a vanté les mérites de votre présence en ces lieux, j’espère les découvrir par moi-même…

Oscillant entre ingénuité et défiance, Gwenn coula un regard vers le dandy. Ses amères expériences passées lui avaient donné la mauvaise habitude de voir dans chaque propos des mâles des invitations déplacées. Quelques années auparavant, à l'aube de ses vingt ans, elle ne voyait déjà en eux que des pourceaux lubriques incapables du moindre sentiment. Un premier amour bafoué, foulé aux pieds de la façon la plus ignomineuse possible, et cette terrible descente aux enfers, spirale damnée qui l'avait amenée dans un monde qui la faisait rougir à présent, et où sa seule arme avait été son verbe cinglant et insolent.
Son seul salut avait été la rencontre d'un homme exceptionnel, qui était à présent son époux. Il avait sû domestiquer l'impertinente, lui montrer le véritable sens de l'amour, lui redonner confiance en elle. La jeune femme blessée, tapie tremblante au fond de son coeur comme une bête agonisante qui se terre dans son antre pour lécher ses blessures, était réapparue au grand jour, comme une renaissance, avec sa maladresse presque infantile, mais aussi sa joie de vivre retrouvée.
Chassant ses pensées d'un léger mouvement de tête qui fit voler sa natte, elle décida finalement de répondre au sourire de son interlocuteur :

He bien messire, ma porte vous est ouverte, quand vous aurez une idée de votre commande, passez me voir.

Pour l’heure je ne voudrais point vous décevoir, aussi permettez que je vous abandonne pour venir à bout de ces futs… Vous avez des convives assoiffés…

Faites donc ! L'encouragea-t-elle d'une inclinaison de la tête. Mes devoirs d'hôtesse m'appellent.

Excuse pour rompre toute conversation, et elle dut se faire violence pour pousser un soupire de soulagement d'y être parvenue. Tournant les talons, elle vint alors saluer la femme qui se présentait sous le nom de Tamarra, puis son regard s'illumina en reconnaissant Sybelle. C'était une de ses clientes, qui lui avait permis de créer une magnifique robe dont elle avait apprécié tant la coupe que la texture, et elle était ravie de la revoir. Mais déjà celle-ci était accaparée par l'invitation apparement sussurée à son oreille, et la Thervay décida d'attendre avant de venir la saluer. Après tout, foin étaient des présentations, il était temps d'honorer la fête et de saluer le dieu Bacchus.

Passant devant les tables, elle fronça les sourcils, surprise. Diantre, n'y avait-il pas eu là différents rubans et autres colifichets pour les egayer ? Un coup de vent n'aurait sû les emporter, elle en aurait retrouvé les vestiges au sol... Ils avaient été bel et bien emportés, mais qui pouvait être l'indélicat ?
Haussant les épaules, elle se détourna. Après tout, ça n'était pas bien grave, même si cela attisait sa curiosité. Son regard mordoré se posait sur les différentes convives, tentant de trouver le coupable et son larçin. Mais déjà, Axelle se donnait en spectacle, avec sa fougue qui la caractérisait. Il fallait le reconnaitre, il se dégageait d'elle une aura brute, animale, presque violente. Cette aura qui l'avait toujours mis mal à l'aise, mais dont elle ne pouvait s'empêcher d'envier. Et le Très Haut seul savait à quel point elle l'estimait, et lui portait une amitié sans faille, indéfectible. Quiconque avait connaissance de cette amitié était en droit d'en être étonné. Rien ne liait les deux femmes, sauf peut être les souffrances traversées. Ou peut être plus encore leur différence, qui ne faisait que les rapprocher. Aussi différentes que pouvaient l'être l'air et la terre.
Cependant, la fausse maladresse de la bestiole n'échappa pas à son regard. Naïve, mais pas idiote. Surtout avec ce sourire qui se voulait en vain confus, mais d'où l'on pouvait deviner une pointe de malice. Elle se mit à rire doucement, décidément cela ne l'étonnait pas d'elle.

Puis les premières notes d'une musique atypique mais entrainante vibra dans l'ether, s'envolant vers la voûte étoilée, finissant de plonger la ruche dans l'ambiance de la fête. Vrai, le temps d'un soir, ils allaient pouvoir tout oublier, sauf de s'amuser.

Xassir vit beaucoup de monde arriver, et surtout les fûts s'ouvrir et le liquide commencer à circuler. Axelle servit même une écuelle à cSn ...

T'inquiètes ma belle, je retiens mon molosse !!! Mais rappelle toi quand même que c'est à cause de toi qu'il me suit partout ce clébard!!! Je te prierai donc de ne pas lui manquer de respect ...
Et vu que je viens à peine d'arriver, je veux bien aussi abuser de ton hospitalité et prendre chambre ...
Il leva sa chopine vers son hôtesse. A la tienne ... La fête te va bien ...

Il se tourna vers les autres convives. A la nôtre. Soyons à la hauteur de notre hôtesse et, en attendant les gigots, je pense qu'une chanson pêrmettrait à tous de bien commencer cette pendaison ...

Il entonna, d'une voix grave :

Citation :

Dans sa nouvelle maison, nous avons fait bombance
Dimanche passé, tout en pendant la crémaillère
Pour la première fois, c'est là que j'ai vu Lolotte
Rien que d'y penser, sentez comme mon cœur bat

Il y avait là les plus gaies du village
En fait de filles, on n'avait qu'à choisir
On a mangé à l'ombre du feuillage
Au milieu de la cour sous le grand cerisier
Ma bonne tante a de la bière en bouteille
Ce n'est pas le faro qu'est jamais si bon que ça
À force de boire, Lolotte était si gaie
Rien que d'y penser, sentez comme mon cœur bat ...

[HRP extrait d'une traduction de "Lolotte", notamment interprétée par Julos Beaucarne http://fr.lyrics.wikia.com/wiki/Julos_Beaucarne/Lolotte /HRP]

Binette et Eléa, voilà un duo qui venait bien souvent à la Ruche en ce moment... Et la dernière fois... La dernière fois quoi...

Bon alors résolution numéro un : avant de franchir la porte, ne point prendre une bouteille à la main, et boire au verre, y aura du monde, au moins un peu de retenue !
Résolution numéro deux : Sourire, sourire, plutôt que de boire comme un trou !
Résolution numéro trois : discuter, faire connaissance, ça évite de boire !
Résolution numéro quatre : garder un oeil sur son brun pour qu'il ne picole pas de trop...

Euh non, on parle de Binette là... Donc on oublie la dernière résolution... Et pour les autres, ben on verra bien alors !

Mais pour l'entrée, avec le sublime "C'est nous!" de son aimé, voilà le sourire et la bouche presque en coeur de la dam'zelle, et d'elle d'ajouter un "Bonjour, bonjour!" Tout aussi plat mais qui avait le mérite d'être souriant... Résolution numéro deux en bonne voie !

La soirée s’annonce animée et le breuvage rapidement absorbé semble ragaillardir les plus timides des convives. L’amant /ami/frère d’Axelle informe la Scott, sans vraiment plus de délicatesse que ça, qu’au fond, elle n’a pas été très discrète tout au long de son observation. La jeune femme s’en amuse et hausse les épaules tout en dodelinant de la tête, le minois faussement embarrassé. Mais le regard est attiré ailleurs soudain. Oui, la sauvageonne a entamé un dégommage de fleurs en bonne et due forme et l’air angélique qu’elle revêt n’est pas sans agacer l’Almanach.

D’ailleurs, la Pie fait du coup un rapide état des lieux à son tour, loin de se douter que la couturière faisait de même de son côté. Qu’elle n’est pas sa surprise lorsqu’elle constate l’absence de rubans ! Le godet rempli est vidé d’une traite avant que la brune ne se dirige vers Gwenn qu’elle prend à partie sans se soucier d’interrompre quoique ce soit. Le ton du complot est donné, la jeune femme lui murmure.

La bestiole sabote tout notre travail ma chère, va falloir lui donner sa leçon… Tiens, prends de quoi lui ramener à boire, j’en ferai tout autant, elle ne peut pas refuser de trinquer avec nous pour fêter ça pas vrai ?

Déjà, l’écossaise sait ce qu’elles feront, une fois la sauvageonne imbibée. Et Axelle ne pourra compter que sur son calme légendaire… ou pas. L’équipe de brunes pro-froufrous s’élance donc en direction de la gitane et de lui tendre chacune un verre, tout sourire.

Bon, on tenait toutes les deux à t’offrir à boire pour fêter ça.. et comme on allait se battre, on pensait que tu pouvais les boire tous les deux, après tout, tu dois avoir une bonne descente je suis sûre !

Si Mina était de bois, son nez aurait bien pris quelques centimètres, mais qu’importe, Axelle allait payer pour son insolence ! Mais avant cela.. Patience et accueil des invités… qui d’ailleurs continuent d’affluer. Et la brune sourit largement lorsqu’elle aperçoit son propre sang dans les silhouettes qui se dessinent. Sans bouger d’un pouce –bien décidée à ce que la Bestiole n’échappe pas à son ivresse future- la Wolback-Carrann ouvre largement les bras pour accueillir la blondinette à qui elle colle deux bises.

Je suis ravie Aigneas, tiens, je te présente mes associées, Gwenn couturière et Axelle, peintre. Vous deux, voici ma sœur, peintre aussi d’ailleurs.

La main vient distraitement arranger un bouquet rescapé sur la bordure du puits, s’amusant de ce qui doit se passer dans le crâne bohémien, avant qu’elle ne salue le couple dernièrement arrivé d’un sourire tout en répondant un « Bonsoir » chaleureux.

Xassir avait poussé sa chansonnette dans l'indifférence générale ... Pas grave, il en avait d'autres en stock, et de toutes façons préférait boire à chanter ... Il préférait boire à beaucoup d'autres activités d'ailleurs!!...
Il observa les nouveaux arrivants et les nouvelles arrivantes ... 'Connais personne moi ici, se dit-il, quand une voix lui parut familière

Binette a écrit:

Héhé ! Bonjour tout le monde ! C'est nouuus ^^

Ouais, ce ton mièvre, cette voix peu agréable, ces paroles vides de sens ...
Il se rappela ... Le Dauphiné ... Le début de son voyage ... là où il avait croisé Axelle la première fois ...
Plusieurs femmes, plusieurs hommes, et une question, une des questions les plus stupides qu'il ait entendues durant son périple :

Citation :

Vous lisez dans le poisson frais ou dans un bol de potage ?

Franchement!!... Il hésita à aller se faire (re)connaître de l'homme dont il se rappelait vaguement le nom ... bin-quelque chose ... A quoi bon ?

Après tout, il n'avait rien de pire à faire, autant se tourner vers des visages connus ...
Il alla donc vers l'homme et lui dit :
Bonjour Messire, je ne sais pas si vous vous souvenez de moi, mais moi oui.
Nous nous sommes rencontrés en Dauphiné il y a quelques temps. Xassir, Diseur de Bonne Aventure ...
L'homme était accompagné. Il se tourna ver la jeune femme et inclina la tête ... Madame ...

La Bestiole sirotait tranquillement sa chopine écoutant la chanson toute appropriée de Xassir sourire au coin des lèvres quand Elyane arriva. Si la bonde Volvent avait extirpé son museau de ses livres adorés et de sa retraite consciencieusement protégée, elle ne semblait pas pour autant avoir envie de prendre part aux réjouissances. Tout comme le Caradoc. Si Axelle s’en ombragea fugitivement, cela n’entama pas son entrain à s’amuser. Qui sait, le Notaire et la Libraire trouveraient peut être quelque plaisir dans leur retrait à faire plus ample connaissance.

Elle n’eut pas le temps de s’attarder à un « Héhé ! Bonjour tout le monde ! C'est nouuus » suivi d’un « Bonjour, bonjour! » que les deux Bonbons s’approchèrent, tout sourire. Trop « tout sourire » d’ailleurs pour être honnêtes, lui tendant chacune un verre dans une explication des plus bancales. Elle les observa, l’une après l’autre, sourcil circonflexe.

Ben tiens, d’puis quand qu’vous vous battez pour m’offrir à boire toutes les deux ? Surtout après qu’j’ai viré qu’ques bouquets dans l’puits et allégé les tables d’ces fanfreluches inutiles. Ben voyons, j’vais vous croire ! Comme si y avait écrit « grosse truffe » sur mon front. Nan, les filles, franchement, m’faites quoi là… Soyez plus finaudes ! Qu’c'qu’elles ont bien pu ficher dans c’godets ? J’sais pas, mais bois pas. Fichtre nan qu’j’vais pas boire.

Et la Bestiole s’affubla de son plus magnifique sourire chafouin, si elle les appréciait toutes les deux, elle s’en méfiait néanmoins, d’elles comme de presque tout le monde d’ailleurs.

Hoooooo ! C’que vous z’êtes gentilles ! Lança-t-elle d’une voix nasillarde en prenant les deux chopes. Mais les invités en premier, elle tendit le cou et leur murmura, odieusement sournoise, faut être serviables et aimables. Elle se redressa grand sourire aux lèvres, elle qui ne connaissait que très vaguement le sens de ces mots. M’en voulez pas hein, mais pour l’bien d’la Ruche et not’ renommée, j’vais les offrir aux nouveaux arrivants, j’suis certaine qu’vous comprenez. Hein. Elle salua Aigneas poliment, si si, bien obligée hein, et murmura à Mina, t’devrais servir ta frangine itou d’ailleurs. Et dans un dernier regard retors, elle s’éloigna pour accueillir Binette et Eléanna que Xassir avait rejoint entre temps. Si les Bonbons pro-froufrous avaient mis quelque chose dans les chopes, elles seraient bien obligées de dévoiler leur félonie.

Par ailleurs, en s’approchant du petit groupe, elle se souvint soudain de la rencontre fracassante entre Binette et Xassir en LD et grimaça. Ce souvenir lui avait complètement échappé, mais de toute évidence pas au diseur de bonne aventure.

Pas question d’avoir d’grabuge durant la fête !

Binette ! Eléanna ! Dites, z’aimez quoi ici pour m’offrir vos trognes à contempler si régulièrement? Les garrigues ? L’hydromel ? Moi ? Ouais moi ! J’suis sûr c’est ça, pis si c'’l’est pas, ben j’l’décrète ! Et de leur fourrer les choppes dans les mains. Santat !

Puis elle baissa le regard vers cSn sagement assis aux pieds de Xassir, le regard doux. Tiens le hein, j’t’fais confiance. Et sinon, considère qu’t’es chez toi, pour la nuit, et tout l’temps qu’tu veux. Puis à la cantonade, Les viandes sont en train d’être découpées pour les affamés. Elle glissa un regard provocateur sur les Bonbons, auxquelles elle se prenait à farouchement s’attacher malgré leurs froufroutages et leurs taquineries mutuelles, avant d’ajouter : pas d’chichis ici, servez vous, y a tout c’qui faut pour vos ventres gargouillants et vos gorges sèches. Elle sourit légèrement et revint trouver Alphonse devant qui elle s’amusa à faire une petite courbette, j’ai eu la première chope, j’peux avoir la première danse ? Lui demanda-t-elle d’un air taquin.

[edit pour fôttes et oubli de mots]

Les invités affluaient, régulièrement à l’entrée du domaine, et derrière la tireuse, serveur improvisé, le jeune homme remplissait les chopes, les unes après les autres en se laissant bercer par le brouhaha ambiant et la chanson du voyageur qu’il salua en remplissant son verre sans qu’il eut besoin de lever le petit doigt, un sourire au coin des lèvres, surprenant çà et là quelques bribes de conversations, suivant d’un regard discret certains mouvements autour de lui, recoupant les informations : amis, connaissances, professionnels, sœur…
L’expérience des mondanités lui avait appris à être en retrait, généralement témoin de passage au bras d’un amant ou d’une maitresse, mais ici, dans cette atmosphère où régnait un joyeux chaos, cette place-là n’existait pas. Il y retrouvait presque ces soirées enfumées, dans le fond épais d’une taverne reculée où, délassé de tout, il se contentait d’être à peu près lui, la plénitude n’ayant jamais été trouvée ailleurs que dans l’écrin des bras anglais. Cette sensation de décalage permanent ne le quittait jamais, car acteur épisodique de sa vie jusqu’à peu, mais spectateur perpétuel, retranché derrière le filtre des enseignements qu’il avait tiré de son éducation, cette méfiance exacerbée le poussait à choisir la distance en toute circonstance, l’insolence quand il le fallait, l’indifférence lorsque c’était nécessaire. Il ne s’abandonnait que rarement aux instants présents en toute tranquillité parce que se maitriser, c’était la source de tout, le jeune Tabouret en était intimement convaincu.
Si la Ruche n’avait rien d’un tripot obscur dans une ruelle peu fréquentée, elle en avait la même chaleur : Ici, on était un peu chez soi, à la façon de ces endroits qui vous accueillent sans rien vous demander en échange.

Çà et là, la crinière d’Axelle rebondissait dans ses pas élégants, allant de l’un à l’autre, un mot pour chacun, et il la suivait du coin de l’œil, faussement détaché, réellement amusé de la voir sous ce jour-là. La gitane, depuis leur rencontre n’avait cessé de l’étonner, par ses forces et ses faiblesses, les brèches affleurant à la surface de son âme et cette énergie si brutale qui couvait dans ses yeux noirs. Sur le fil, danseuse perpétuelle, elle bravait à la fois le passé, le présent et le futur. La musique l’amena jusqu’à lui, où elle se pencha dans une courbette espiègle devant lui :

J’ai eu la première chope, j’peux avoir la première danse ?

Le sourire aiguisa ses lèvres, tandis qu’il essuyait ses mains sur un torchon avant de le délaisser, remontant un regard feutré vers elle :

-Voilà une invitation que j'aurais bien du mal à refuser. Il fit le tour du petit comptoir, tendant sa dextre vers elle pour saisir la sienne, l’espace se réduisant entre eux d’un dernier pas. Une bonne tête plus haute que la brune, la surplombant, il profita que ses lèvres soient proches de son lobe pour laisser glisser quelques mots qui semblèrent anodins, mais qui brulèrent la pulpe de ses doigts au contact des siens. J’adore quand nous dansons ensembles. Puis prenant un air docte visant à l’amuser, et à laisser à son imagination le sens de ses propos, il haussa un sourcil en faisant mine de suivre le tempo donné par les musiciens, comptant à haute voix … un, deux, trois… avant de l’entrainer dans une danse champêtre, gaie, au milieu de la piste improvisée. La senestre presque chaste à la hanche ronde de la gitane à laquelle il prenait tant de plaisir à s’arrimer quand le jeu lui en laissait l’occasion, il les porta au fil de la musique, accroché à ses yeux ombrés, à ses longs cils soyeux, à sa respiration enjouée qui se mêlait à la sienne, dans les effluves de la nuit naissante, s’accaparant ce moment pour lui, avant que les obligations de maitresse de maison d’Axelle ne la rattrape.

les danses et les chopes allaient de bon train, quoi de plus naturel lors d'une féte !
je jetais ma besace dans un coin, profitant de la music, de nouveaux arrivant rejoignaient les festivités, et moi, une fois de plus , j'étais seul, a danser une chopine a la main, je pourrais peut etre me trouver un compagnon de dense ... et puis une autre chopine, sur tout une autre chopine !

-quelqu'un veux danser ?

rejoignant les danseurs deja présent, je me laissais aller enfin, chopine vidé, yeux fermé, et sourire au levres, je me laissais entraîné par la musique, bras levé et cheveux laché pour mieux sentir le vent les emmêlé, que c'été bon la liberté.